La couleur de la vie par excellence : Vert.
Je me souviens de mon émoi lorsque jeune femme, on me mit le livre des “recettes de Claude Monet” entre les mains et que j’y découvrais son entremet préféré à cause de sa couleur : le vert-vert (une préparation très XIXe s. de par la complexité de sa réalisation, à base de pistache). C’est comme si soudain j’étais moins seule dans cette recherche incessante d’équilibre harmonieux ou de passion fulgurante pour la couleur, dans ma vie quotidienne.
Avec le temps, la nature sauvage est devenue mon unique référence. C’est elle mon pantone, mon nuancier, elle avec ses couleurs et ses teintes déclinées en milliers de tons que je tente de reproduire autour de moi, telle l’incomparable harmonie du monde dans laquelle nous sommes plongés et qui m’émerveille. Monet dégustait son vert-vert, mêlant sa bouche, son œil et sa gourmandise à son désir de couleur insatiable , en toutes circonstances. Moi je m’y baigne, comme un poisson dans l’eau, respirant la senteur émanée d’un pin sylvestre vert d’eau douce chargée en carpes nacrées, caressant le blanc à peine rosi d’un pétale d’églantine, les différents bleus d’une plume de geai des bois, le rouge carmin d’un vieux tronc de pin maritime, le gris perle comme d’un velours du tronc du hêtre, le violet d’un iris, salivant devant un coupe remplie d’abricots dorés, m’étonnant devant l’or brûlé d’un champ de blés mûrs, et pleurant presque devant la surface mouvante d’un champ de lin ou celle d’une prairie de bleuets.