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Porte à mer-douce

Ça se passe de commentaire, car comment dire que c’est une porte qui ouvre à la mer-douce pour la mer-douce ? Quelque chose en soi qui laisse songeur un peu perplexe face à l’immensité de la fonction. Réguler quelque chose de mystérieux, qui nous échappe complètement, comme l’assurance de la teneur en sel ? La régulière nécessité de l’eau saumâtre en ce lieu-là  pour des raisons oubliées n’ayant plus cours mais dont il reste la mécanique humaine ?

Qu’importe l’exacte raison. Son simple rôle esthétique et poétique est en soi, aujourd’hui, sa raison d’être pour moi. Comme si je faisais un compromis (!) à l’industrie humaine enracinée dans son labeur économique, parce qu’elle devient souvent, -et comme ici-, après abandon, une touche surréaliste dans le paysage…

Les “abandons économiques” dans les paysages, mêmes urbains, comme autant de pollutions désinvoltes, ont tous quelque chose de fascinants et même d’époustouflants parfois, tant cela semble énorme, et suscite l’incrédulité. Et puis un jour ça passe à la ruine ou au recyclage muséal. Très rarement on y réimplante une activité similaire, comme une gêne honteuse à réemployer de l’ancienne industrie, synonyme de passé, de faillite, d’usure, symbole d’un autre âge économique qui n’a plus cours et qui fatalement conduira à l’échec. On ne fait pas du moderne argent avec du vieux. Et cette fuite en avant permanente, comme le cours de n’importe quelle rivière, fait des pauses parfois, sur une vieille porte mystérieuse.

Camargue – France.

 

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