Viens avec moi, toi qui passe, je t’invite à une rêverie dans un sous-bois plein d’étoiles… Hâtons-nous si tu veux, le soir n’est pas loin de tomber, et le plus silencieusement possible, écoutons le seul dialogue du vent dans les arbres qui emplit l’air…
Un tilleul des bois marque l’entrée du sentier; ses fleurs juste écloses embaument sous la coupole de son feuillage fourni… Le sentier grimpe un peu sous de hauts pins jusqu’à une clairière récente où les fleurs poussent à nouveau, limitée au bout par un jeune chêne blanc. Sa ramure chevelue donne la direction à suivre. Suivons-la. Mais d’abord allons voir ces taches dorées.
La clairière aux fleurs illumine le regard, ce sont des étoiles d’or en chapelet (des inules) et en m’approchant pour les photographier j’en aperçois d’autres , petites, discrètes et vertes, en constellations. Des sainfoins disséminés s’aperçoivent encore dans le crépuscule naissant.
En s’enfonçant sous la touffeur des arbres, le sentier s’amincit. Les pluies récentes ont rendu un regain de sève aux plantes, il se perçoit au vert plus tendre qui émaille le vert dense et sombre. Les fleurs de chèvrefeuille éparses, étoilent les taillis de branches et de buis morts. Elles n’ont pas de parfum ou alors si léger que le vent l’emporte aussitôt. Je me demande où ?
La saison des fleurs les plus printannières se termine, et tout se prépare à la grande estivation provençale. Elles se transforment alors en étoiles dures et brillantes, piquantes même coupantes quand la peau des jambes les frôlent, et elles se laissent égrainer au gré des vents d’été.
On pourrait croire que le vent du Nord qui forcit empêcherait la nuit de tomber en la balayant au loin .. pourtant les pétales blancs se bleutent, les gris envahissent l’air et les noirs s’agrandissent comme des taches d’encre sur du papier buvard.
Viens, il est temps, rentrons.
// Forêt de Venasque, 14-06-19.
J’ai écouté votre dialogue du vent .
Seul lui est le rempart du vain et me ramène vers des temps immémoriaux.
Mais les ai-je réellement vécus ?
Merci en tout cas pour cette subtile retranscription de votre ressenti émotionnel éprouvés lors de votre voyage.
La tête et les jambes.
C’est vrai que les temps immémoriaux nous semblent des fantasmagories. Il faut être paléontologue pour en retrouver les traces enfouies ou bien le vent qui nous ramène toujours à tout sans mentir.