Une pluie qui tombe, quand le vent n’est pas au Nord en hiver, ça change tout… comme une sensation exotique qui envahit l’air ; on n’est plus vraiment en France mais pas très loin d’une mer verte comme le jade , gonflée par la tempête, où se baignent des racines épaisses et alanguies comme des corps, d’arbres odorants et toujours verts. Pins, arbousiers, eucalyptus, yeuses, kermès, cyprès… et on se sent des envies d’ailleurs, attirés dans un contre-sens, pour aller vers l’origine où les boues, l’eau, le ciel fusionnent à l’horizon, où l’on pressent que la vie bat son plein comme un filet de petites crevettes grises tiré hors de l’eau. La lumière aussi se fait étrangère, on croit baigner dans un jour gris-jaune vibrant, un jour où l’on ne voit rien vraiment, où l’ombreux semble poisser, jusqu’à l’éclaircie soudaine. Un temps de rizières et de hérons.