Je dormais d’un profond et paisible sommeil Quand Phyllis, en dormant, m’apparut toute nue, Comparable en son teint délicat et vermeil A celle qui du jour annonce la venue Jamais plaisir au mien ne peut être pareil Et jamais passion ne fut mieux reconnue, Puisque je l’embrassais et que, sans mon réveil, J’étais prêt à forcer toute sa retenue. Ici je vous appelle à mon soulagement, Astres qui présidez au bonheur d’un amant, Et je t’invoque encor, doux père du mensonge. Faites, si vous pouvez me donner du secours, Que je voie en effet ce que je vis en songe, Ou faites pour le moins que je dorme toujours.
Urbain Chevreau (1613-1701) – Poésies, 1656 // galerie des statues – musée Calvet Avignon – 26-12-18