Non, vraiment, vous ne trouverez rien ici...

Dieu aux corbeaux

Corbeau, loyal serviteur des dieux et des hommes. Il est la personnification des dons de connaissance et de savoir d’Odhinn. Deux corbeaux sont perchés sur ses épaules et lui disent à l’oreille tous les événements qu’ils voient ou entendent. L’un s’appelle Huggin (‘la Pensée’) et l’autre Muninn (‘la Mémoire’). À l’aube, il les envoie parcourir le monde entier et à leur retour, il s’enquiert de toutes les nouvelles qu’ils ont à lui annoncer. C’est pour cette raison qu’il est appelé le ”dieu aux corbeaux” et qu’il est omniscient. En outre le corbeau est au service de la vie: lors de la navigation, il indique le bon chemin. C’est ainsi que l’un des découvreurs de l’Islande, Floki Vilgerdharson, se serait servi de trois corbeaux censés lui avoir indiqué sa route. En mer, il lâcha le premier, qui revint se poser sur l’étrave. Le second vola droit en l’air, puis revint au bateau. Le troisième vola tout droit au-devant de la proue dans la direction où ils découvrirent le pays. (Une histoire semblable se trouve dans le livre de la Genèse, VIII, 6-7.)

L’image du corbeau n’est pas sans ambivalence : dispensateur de vie, bienfaiteur des hommes, il est aussi présage de mort, car c’est un charognard. Cette ambivalence est également la caractéristique d’Odhinn, qui prodigue tantôt la victoire, tantôt la mort.

On retrouve le corbeau dans l’ancien nom de la ville de Lyon, Lugdunum, qui signifie ‘colline de Lug’. Chez les Celtes, Lug (‘le Guerrier’) est le dieu de la guerre et de la victoire. Il protège les arts, tout comme Odhinn, chez les Nordiques, et est à la fois le dieu de la victoire et de la poésie. Le mot dérivé de son nom, lugos, dans la langue des Gaulois, est utilisé pour désigner le corbeau, oiseau oraculaire.

Les gonfanons des Vikings arboraient d’ailleurs l’image d’un corbeau qui déployait et faisait battre ses ailes afin d’obtenir d’Odhinn la victoire.

Patrick Guelpa, les 100 légendes de la mythologie nordique – Que sais-je.

Dommage qu’aujourd’hui le corbeau ne soit plus associé qu’à la mort (sorcières, charognes et fantômes). Fascinant, non, ce glissement des symboles, du sens qu’on leur donne, au fur et à mesure que s’écoulent les siècles … Témoins d’appauvrissement de la pensée ou à l’inverse, d’installation enrichie siégeant dans le dictionnaire, témoins des modes, des pouvoirs dominants, des aversions ou des attirances… Que va devenir notre corbeau, dans ce XXIe s. ? un nom sur un inventaire détaillée de la faune en voie de disparition ou de nouveau l’intercesseur entre le ciel et nous ? L’avant dernier opus de Lou Reed, ‘The Raven’, construit sur le ‘The Raven’ de Poe que Doré a illustré… histoire d’amour et son fantôme matérialisé par un corbeau… me paraît être la dernière allusion du XXe s. au corbeau. Allez, Pensée…  Avance … !

Un corbeau dans les platanes – sur mon chemin, 15-11-18.

Leave A Comment